La règle d'emprise au sol dans les PLU

05/11/2022

L'emprise au sol (ES) est un des éléments majeurs pour déterminer la constructibilité d'un terrain. Son application qui paraît assez simple peut cependant réserver quelques surprises à la lecture des prescriptions du plan local d'urbanisme !


 Définition de l'emprise au sol


🔶Article R.420-1 Code de l'Urbanisme

L'emprise au sol au sens du présent livre est la projection verticale du volume de la construction, tous débords et surplombs inclus. Toutefois, les ornements tels que les éléments de modénature et les marquises sont exclus, ainsi que les débords de toiture lorsqu'ils ne sont pas soutenus par des poteaux ou des encorbellements.

1️⃣ Si le PLU ne contient pas de définition de l'emprise, il y a lieu d'appliquer la définition réglementaire ❕

2️⃣L'application de la définition de l'emprise issue du premier alinéa l'article R.420-1 du code de l'urbanisme est rendu applicable au PLU par le lexique national quand il lui est annexé❕

🔺 "Les auteurs des PLU(i) conservent la faculté d'étoffer ce lexique par des définitions supplémentaires et de préciser les définitions nationales sans en changer le sens, notamment pour les adapter au contexte local."

⚠️ Les marges de manœuvre portent essentiellement sur les éléments en saillie des constructions en précisant la nature des débords et des surplombs exclus.


Exemple PLU: L'emprise au sol des constructions, y compris les constructions annexes, correspond à leur projection verticale au sol, exception faite des éléments de modénature, des éléments architecturaux, des débords de toitures, des oriels et des balcons ainsi que des sous-sols et des parties de constructions ayant une hauteur au plus égale à 0,60 mètre à compter du sol naturel. Concernant les balcons : Au-dessus d'1 mètre de profondeur, les balcons seront comptabilisés dans l'emprise au sol. Pour les terrasses situées au niveau du terrain naturel, seront prises en compte les surfaces supérieures à 20 m². Les terrasses ne s'entendent pas cumulées. L'isolation par l'extérieur n'est pas prise en compte dans le calcul de de l'emprise au sol.


Les constructions non constitutives d'emprise au sol


  • Dans tous les cas
  1. Les constructions enterrées: caves, parkings....
  2. Les constructions au ras du sol: espaces de stationnement, terrasses...
  • Selon des prescriptions spécifiques au PLU
  1. Les constructions avec une faible élévation classiquement selon un critère altimétrique (<60cm): terrasse surélevée
  2. Les bassins de piscine enterrés exclus du calcul de l'ES par le règlement.

👈Exemple PLU pour lequel la piscine enterrée est exclue du calcul de l'emprise au sol.


Le coefficient d'emprise au sol


◾ La règle d'emprise au sol se traduit dans les règlements d'urbanisme par la fixation d'un pourcentage d'occupation de la superficie totale du terrain, le coefficient d'emprise au sol, CES.

  • La notion d'emprise au sol intervient dans le cadre des dispositions relatives aux permis de construire et déclarations préalables. Elle permet principalement de déterminer l'autorisation d'urbanisme à solliciter.
  • Le CES permet de définir la surface constructible d'un terrain.

Le terrain d'assiette pour le calcul de l'emprise au sol


◾La règle d'emprise s'applique à l'unité foncière d'assiette du projet.

⚠️ Si le terrain d'assiette est à cheval sur plusieurs zones "il convient alors d'appliquer, pour chaque partie de la construction considérée isolément, les règles d'emprise au sol et d'occupation des sols propres à la zone dans laquelle elle se trouve, avec pour référence de superficie, celle de la part de terrain située dans cette même zone "(Cour administrative d'appel de Paris, 1e chambre, du 20 janvier 1994, 93PA00267 93PA00289).

⚠️ Le 26 novembre 2018, le Conseil d'Etat a précisé que "le coefficient d'emprise au sol doit être calculé par rapport à la superficie totale de l'unité foncière supportant le projet de construction, dès lors qu'elle est tout entière située dans la même zone du plan local d'urbanisme, peu important qu'une partie de cette unité soit inconstructible". (CE, 26 novembre 2018, n°414612).


La règle d'emprise au sol dans le règlement du plan d'urbanisme


Code de l'urbanisme


🔸Article R-151-39 Code de l'Urbanisme

Afin d'assurer l'intégration urbaine, paysagère et environnementale des constructions, déterminer la constructibilité des terrains, préserver ou faire évoluer la morphologie du tissu urbain et les continuités visuelles, le règlement peut notamment prévoir des règles maximales d'emprise au sol et de hauteur des constructions Il peut également prévoir, pour traduire un objectif de densité minimale de construction qu'il justifie de façon circonstanciée, des règles minimales d'emprise au sol et de hauteur. Il délimite, dans le ou les documents graphiques, les secteurs dans lesquels il les impose. Les règles prévues par le présent article peuvent être exprimées par rapport aux voies et emprises publiques, aux limites séparatives et aux autres constructions sur une même propriété ainsi qu'en fonction des objectifs de continuité visuelle, urbaine et paysagère attendus..


Où trouver la règle d'emprise au sol


◾L'ES est une règle de volumétrie qui concoure à définir les caractéristiques urbaine, architecturale, environnementale et paysagère d'un projet de construction.


  • Dans les anciennes présentation elle correspond à l'article 9.

➡️Ainsi isolée elle était souvent utilisée comme seule information pour déterminer la constructibilité d'un terrain.

  • Elle se trouve désormais au II-1 des récents PLU.

➡️Le regroupement avec les règles d'implantation et de hauteur permet de comprendre que cette combinaison est indispensable pour calculer la densité autorisée.


Comment est traduite la règle d'emprise au sol


  1. Détermination d'un pourcentage d'occupation de l'unité foncière d'implantation de la construction.
  2. Différenciation des règles d'emprises sur une même unité foncière: bande de constructibilité, cœurs d'ilot à préserver...
  3. Différenciation selon la destination des constructions: logements sociaux ou intermédiaires, bâtiments à usage mixte....

L'emprise maximale des constructions est fixée à 40% de la superficie du terrain.

A l'intérieur d'une bande de 20 m de profondeur l'emprise au sol ne peut dépasser 70% de cette partie de terrain. Au-delà de la bande de 20 m l'emprise maximale des constructions est fixée à 10% de cette partie de terrain.

L'emprise au sol des constructions pourra atteindre 60 % si la partie en rez-de-chaussée est affectée à des activités commerciales ou artisanales, le coefficient d'emprise par projection verticale des niveaux supérieurs restant limité à 40 %.


⚠️ En l'absence de prescriptions particulières dans le règlement, il n'y a pas lieu de faire de distinction entre la nature des bâtiments ❕

  • Lorsqu'il est prévu une emprise spéciale pour les bâtiments complémentaires ou annexes, celle-ci est en principe déductible de l'emprise autorisée pour le bâtiment principal, sauf si le PLU s'y oppose expressément.

L'emprise au sol des constructions (annexes comprises) ne pourra excéder 50 %.

Pour les annexes, celles-ci ne doivent pas dépasser 30 m² d'emprise au sol.

Les annexes des constructions à usage d'habitation (hors piscines) devront respecter une emprise au sol cumulée de 80 m² prenant en compte la surface des annexes déjà présentes.


  • FOCUS Constructions existantes

◾La situation des constructions existantes est souvent spécialement envisagée. Des prescriptions différentes peuvent leur être appliquées, notamment pour réduire les possibilités de transformation de celles d'entre elles qui ne sont pas conformes à la règle d'ES en vigueur.

Pour les constructions d'habitation existantes : l'emprise au sol créée ne doit pas dépasser, au total, 30% par rapport à l'emprise au sol existante à la date d'approbation du PLU.

Pour les travaux sur construction existante, l'emprise au sol fixée ci-dessus peut être majorée dans la limite de 20 m² de surface de plancher.


Les dérogations aux règles d'emprise au sol


Les dérogations au PLU


◽ Constructions achevées depuis plus de 2 ans (L.152-5 Code de l'urbanisme)

  1. Isolation en saillie des façades (isolation par l'extérieur, ITE).
  2. Dispositifs de protection contre le rayonnement solaire en saillie des façades.

CONCLUSION


🔲 Se contenter d'appliquer le coefficient d'emprise au sol selon la définition du Code de l'Urbanisme ne suffit pas. 

Il faut, après avoir trouvé le zonage du projet:

  1. Prendre en compte la définition d'ES retenue par le règlement d'urbanisme.
  2. Faire le point sur le type de construction envisagée: construction neuve, co-construction, agrandissement, annexe.
  3. Faire le point sur la destination de la construction.
  4. Vérifier l'existance de règles spécifiques à certains types de constructions comme les annexes ou à certaines destinations.
  5. En cas de travaux sur construction existante faire le point sur l'emprise au sol déjà utilisée pour s'assurer d'une réserve suffisante.
  6. Faire le point sur les dépassements autorisés pour les constructions existantes quelles soient non conformes ou avec des projet d'isolation ou d'ombrières.

⚠️ Seule une lecture attentive du PLU permet de savoir qu'elle pourra être l'ES d'une parcelle ❕

🔺Même ainsi déterminée elle ne sera pas forcément possible à utiliser car il faudra également respecter les règles relatives à l'implantation des constructions mais également celles concernant les surfaces libres, mais çà c'est un autre article❗